Pourquoi faire un bilan de compétences ? Qu’est-ce que ça va changer pour moi ? En quoi est-ce qu’il peut m’aider? est-ce que ça ne va pas être une perte de temps ?

Lorsqu’on commence à se poser ces questions, LA question sous-jacente, celle qui remue, qui dérange voire qui bouleverse, est  celle relative à un changement de vie. Nous sommes à la frontière entre la question rofessionnelle et la question existentielle, partagés entre l’attirance du changement et la frayeur…du changement.

Faisons le point sur ce qu’est un bilan de compétences et ce que vous pouvez en attendre.

Les questions les plus courantes :

On entend le plus souvent :

  1. Est-ce que je suis (toujours) à la bonne place ? sinon où est-elle ?
  2. Comment puis-je évoluer ?
  3. Comment puis-je changer de métier ?
  4. Comment puis-je valoriser mon parcours pour me réorienter ou me réinsérer ?
  5. Dois-je faire une formation ?
  6. Est-ce le bon moment pour changer ? et comment être sûr ?

J’’introduis cet article en parlant du changement car le bilan de compétences est un…bilan. Et qui dit « bilan » dit « faire le point » pour s’analyser, et décider de la suite. Or, si nous questionnons l’idée de le faire, c’est sans doute que nous nous sentons à une croisée des chemins : est-ce que je continue le même ? est-ce que j’en change ? et si oui, lequel prendre ? comment ?

Ce besoin de changement résulte d’une situation concrète, elle-même menant à un état psychologique (ou l’inverse) : perte d’un emploi, restructuration de l’entreprise, évolution des missions du poste, des compétences requises,…

Quoi qu’il en soit, il implique un questionnement de fond. Tout changement implique la perte de quelque chose que nous avions dans la situation initiale (exemples : sécurité, maîtrise, familiarité, relations, …). Nous n’allons pas spontanément vers l’inconnu, cette réserve est un réflexe humain de survie parfaitement naturel qui enclenche un processus émotionnel. Le bilan de compétences est là pour assurer le processus durant son déroulement.

C’est confus ? ne vous inquiétez pas, nous allons clarifier dans cet article :

Qu’est ce qu’un bilan de compétences ?

La définition et le processus de réalisation de ce qui est appelé un « bilan de compétences » sont strictement encadrés par la loi (art. L6313-1, L6313-4 du code du travail) et par décrets réglementaires (notamment art. R6313-4).

La loi le définit ainsi :

« Les bilans de compétences ont pour objet de permettre à des travailleurs d’analyser leurs compétences professionnelles et personnelles ainsi que leurs aptitudes et leurs motivations afin de définir un projet professionnel et, le cas échéant, un projet de formation. »

Le décret précise le processus de réalisation :

« Le bilan de compétences comprend, sous la conduite du prestataire effectuant ce bilan, les trois phases suivantes :

1° Une phase préliminaire qui a pour objet :

  • D’analyser la demande et le besoin du bénéficiaire ;
  • De déterminer le format le plus adapté à la situation et au besoin ;
  • De définir conjointement les modalités de déroulement du bilan ;

2° Une phase d’investigation permettant au bénéficiaire soit de construire son projet professionnel et d’en vérifier la pertinence, soit d’élaborer une ou plusieurs alternatives ;

3° Une phase de conclusion qui, par la voie d’entretiens personnalisés, permet au bénéficiaire :

  • De s’approprier les résultats détaillés de la phase d’investigation ;
  • De recenser les conditions et moyens favorisant la réalisation du ou des projets professionnels ;
  • De prévoir les principales modalités et étapes du ou des projets professionnels, dont la possibilité de bénéficier d’un entretien de suivi avec le prestataire de bilan de compétences. »

La réalisation d’un bilan de compétences peut bénéficier d’aides au financement, notamment du CPF, à la condition que le prestataire opérateur, celui qui accompagne le bilan de compétences, respecte strictement le cadre légal.

Quand faire un bilan de compétences ?

– Explorer l’idée du changement

Le cheminement du changement passe par plusieurs étapes. Dr Elisabeth Kübler-Ross, psychiatre et psychologue suisse dans les années 1960, a représenté ces étapes sur une courbe qui a été appelée « la courbe du deuil ».

Depuis, les travaux du Dr Kübler-Ross ont été étendus d’une manière plus générale aux situations de changement car il a été observé l’enclenchement du même processus psychologique. Cette courbe se trouve donc régulièrement renommée « courbe du changement » dans la littérature consacrée à la conduite du changement. La phase descendante regroupe alors les étapes de l’incontournable phase de « résistance au changement », phase (et phrase) si célèbre dans les entreprises.

Cette courbe est alors illustrée de la manière suivante :

Selon la situation vécue, les personnalités et les histoires de vie de chacun, les phases n’ont pas toutes la même intensité ni la même durée. Le processus s’enclenche spontanément donc, lorsque vous en prenez conscience, vous en êtes peut-être déjà à l’étape 5 ou 6. C’est souvent à ces étapes que l’idée de faire un bilan de compétences émerge.

Il permet d’explorer « virtuellement » le champ des possibles ajustements ou des changements de trajectoires. Il vous aide à identifier les options qui répondent à votre besoin, à vos valeurs et à vos ambitions. Il vous permet de vous projeter dans un futur potentiel où vous exerceriez chacune des possibilités retenues, ceci afin de vérifier qu’elle vous permet de vous réaligner avec vous même. Enfin, vous analyserez leurs conditions de réalisation, ainsi que ce qu’elles impliquent comme avantages et conséquences.

Ainsi, en phase de remobilisation, le bilan de compétences vous permet de reprendre confiance en vous. Vous décidez du scénario de votre nouvelle vie professionnelle, le consultant vous accompagne pour que ce scénario soit réaliste et réalisable et il vous guide dans les étapes de son élaboration.

– Un soutien dans les phases de turbulences

L’intérêt d’un bilan de compétences est incontestable pour amorcer une remobilisation, mais il peut aussi être un soutien important dans les premières phases de la descente afin de limiter la profondeur du creux et d’accompagner la transition.

Prenons un exemple :  votre entreprise évolue, elle se restructure, elle fait évoluer son offre ou son management, ce qui impacte votre travail :

J’ai adapté ci-dessous la courbe du changement à cette situation très très fréquente :

En zone rouge, le stress négatif est à son maximum : Vous êtes déstabilisé, vous vous sentez en danger (d’incohérence cognitive), vous passez en mode survie. Ce sont alors des comportements réflexes que vous avez déjà en vous qui sont aux commandes. Vous êtes dans une phase de rejet et non d’élaboration, la prise de recul est très difficile. C’est souvent l’émotion de la peur qui est implicite (peur que l’on me demande ce que je ne veux pas faire et/ou de faire ce que je ne suis pas et/ou ce que je ne peux pas).

Lorsque vous êtes en zone rouge, le bilan de compétences va vous permettre de vous reconnecter à vous-même et de trouver en vous, des ressources et des réponses qui dépendent de vous. Il va vous permettre de faire face de la manière la plus « écologique » pour vous – et éviter ainsi un éventuel risque de burn-out.

Pour être efficace,l’accompagnement au bilan de compétences peut s’avérer plus lourd sur le plan introspectif en phase rouge que bleue car vous êtes pleinement « en réaction », la prise de recul est plus difficile (selon l’intensité et les effets sur la santé des émotions « aux commandes », l’accompagnement conjoint d’un professionnel de santé peut être souhaitable pour éviter une « décompensation »).  L’accompagnement professionnel au bilan permet de garder confiance en soi et en sa valeur, de maintenir ou restaurer une réflexion constructive et garder confiance en l’avenir en élaborant des solutions alternatives.

La zone bleue est la phase de reconstruction, qui commence par une étape de « remobilisation ». Le bilan de compétences va vous rassurer et opérer comme un guide méthodologique. Il va vous permettre de canaliser votre énergie sur de nouvelles solutions. L’intervention d’un tiers, le consultant, permet de prendre de la hauteur sur les situations abordées et de rester objectif.

– Un guide méthodologique

Se réinventer professionnellement n’est pas une mince affaire : soit on se disperse et on se noie sous des tonnes d’informations, soit on est focus sur un idée et si elle s’avère peu réaliste ou réalisable, on est découragé.

Un bilan de compétences respecte un cadre normé par décret. Il impose une phase préalable de clarification de l’objectif : le consultant vous aide à préciser cet objectif. Cette phase est importante car elle vous oblige à  préciser ce que vous voulez quand souvent vous exprimez inconsciemment ce que vous ne voulez plus (même si vous avez pris garde de le formuler sous forme affirmative). Cet objectif sera idéalement mesurable, il permettra d’estimer la durée d’accompagnement nécessaire et d’adapter le processus.

Le consultant élabore ou adapte alors sa feuille de route en fonction des objectifs définis, des besoins exprimés et des contraintes relevées. Il met à votre disposition des outils et des supports qui permettent à la fois d’ouvrir la réflexion et d’en canaliser le développement. Le but est d’aboutir à un projet réaliste, assorti d’actions réalisables dans votre contexte et planifiées dans le temps. Le projet n’est pas nécessairement de transformer votre vie, il peut consister en des mesures d’ajustement qui vous permettent de vous adapter positivement aux exigences extérieures et de réaligner ce que vous pensez avec ce que vous faites.

Le projet fait l’objet d’un compte rendu sur la réflexion menée, il développe les arguments retenus, les risques identifiés et présente le plan d’actions à mettre à œuvre. Ce bilan peut soutenir une demande de formation, à l’employeur ou aux services publics de l’emploi.

 

Qui peut bénéficier d’un bilan de compétences ?

Tout le monde doit pouvoir faire un bilan de ses aptitudes, de ses potentiels et de ses compétences, ainsi que choisir d’être accompagné dans les étapes de son parcours professionnel.

Cependant, la terminologie employée, « bilan de compétences », désigne une prestation encadrée par le loi et soutenue par des aides publiques ou privées (OPCO). SI vous souhaitez mobiliser ces aides financières, vous devez répondre aux critères de la cible visée par le décret et nommés : « les travailleurs ».

Le terme est connoté mais en l’espèce, il englobe tous les actifs, y compris les personnes en recherche d’emploi après une perte d’emploi.

Par conséquent, il exclue aussi :

  • Les demandeurs d’emploi sans expérience ou compétences professionnelles ;
  • Les personnes en fin de carrière dont le projet est de travailler le projet de vie « post retraite » ;
  • Les étudiants qui se questionnent sur leur orientation.

En revanche, si vous êtes salarié, entrepreneur, au chômage, en disponibilité ou en année sabbatique, mais aussi si vous êtes en arrêt maladie et que vous souhaitez travailler sur un projet de reconversion, vous répondez aux critères du public pouvant bénéficier d’un bilan de compétences…avec des aides au financement.

OUI, un salarié en arrêt de travail peut faire un bilan de compétences pris en charge financièrement, tout comme il peut suivre une formation, faire une VAE et même un apprentissage. Il suffit d’avoir l’accord écrit du médecin prescripteur de l’arrêt de travail que vous transmettrez à la CPAM en AR. Pour en savoir plus : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F19300

Pour ceux qui n’appartiennent pas au public visé par les dispositions légales appliquées au terme de « bilan de compétences », vous pouvez bien sûr être également accompagné ; ce bilan portera un autre nom comme « bilan d’orientation », « bilan d’accompagnement » et pourra être réalisé par un plus large éventail de prestataires : des Coachs, les conseillers emploi des missions locales, certains psychologues, etc. Toutefois, hormis les conseillers emploi dont l’accompagnement est un service public « gratuit », les bilans d’accompagnement ne bénéficient pas d’aides financières particulières.

Si vous souhaitez en savoir plus sur comment vous y prendre, vous pouvez lire sur mon blog, l’article intitulé « Où faire son bilan de compétences« . Vous y trouverez des informations sur les critères à considérer selon vos objectifs.

 

Avec Osélance, j’accompagne en bilan d’orientation et d’insertion,  des jeunes ou des personnes sans expérience professionnelle.

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